jeudi 29 septembre 2011

Les films de ma vie - par Lyjazz (ex. n°19)


Molière, d’Ariane Mnouchkine. Vu au cinéma de la ville voisine, en sortie avec le collège lorsque j’avais 14 ans je crois. Je me souviens à la fois de la fin : la montée de l’escalier et la mort, et d’une scène de voyage en roulotte. Je me souviens du beau visage et de la présence de Philippe Caubère, qui incarnait tout à fait Molière.
J’ai revu le film sous forme d’épisodes quelques années après à la télé, en noir et blanc.
Bien plus tard j’ai vu plusieurs spectacles de Philippe Caubère (et revus en VHS) dans lesquels il incarne Ariane Mnouchkine. Et ma jubilation était intense lorsqu’il évoquait/incarnait leur voyage à Cannes pour la sortie du film Molière. C’était un retour dans le passé, un éclairage sur le film et les circonstances de sa création, une plongée dans ce monde des théâtreux et la réalité d’une troupe comme celle du Théâtre du Soleil.
Résultat : je rêve depuis des années d’aller voir un spectacle d’Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie de Vincennes.
J’ai été à Paris en juin, et j’ai pu passer du temps à la Cartoucherie, mais il n’y avait pas de spectacle du Théâtre du Soleil.
Cela me donnera une autre occasion d’aller à Paris…..

Le seigneur des anneaux : le film d’animation de 1978, de Ralph Bakshi http://www.amazon.fr/Seigneur-Anneaux-Dessin-anim%C3%A9-1978/dp/B00005OSRU
Je l’ai vu à 14 ans, lors de mon premier voyage scolaire en Angleterre. Je ne connaissais absolument pas Tolkien. Je ne comprenais rien à la langue et j’avais toutes les peines du monde à m’adapter à la vie quotidienne anglaise (malgré une famille très gentille et compréhensive). Tout le groupe a été voir ce film, auquel je n’ai pas compris grand-chose. Sauf qu’il était important, qu’il méritait d’être vu en VF pour que je le comprenne, et que j’allais lire Tolkien ensuite. Je me souviens de certaines images du golum, et de sa voix.
J’ai réussi à le voir quelques années après en français. Et il avait moins de saveur, moins d’ampleur qu’en anglais, mais au moins j’ai compris le sens de l’histoire. Il m’a permis de plonger dans l’univers écrit de Tolkien, depuis Bilbo le Hobbit jusqu’au Seigneur des anneaux.
C’est le premier film qui m’a fait une si grosse impression, parce que je savais, je sentais qu’il était important mais que je souffrais de ne pas tout comprendre. Les dessins seuls n’étaient pas suffisants.

Dersou Ouzala, d’Akira Kurosawa (1975)
Vu au lycée, grâce à mon prof de philo (un homme en or, qui nous faisait des devoirs de 4h le samedi matin, en nous amenant des thermos de café et chocolat, les verres de sa cuisine, et son pot de sucre). Il avait décidé que nous devions voir ce film, à la MJC de la ville. Et c’était réellement un choc, de faire connaissance avec Akira Kurosawa, la vision japonaise, et au-delà, la culture de la nature, tout à fait à l’opposé de notre vision d’ado. Pas de cinéma Art et essai aux environs, mais des profs militants et cultivés… Cette année-là d’ailleurs ma prof d’espagnol nous avait montré Los olvidados de Bunuel (de 1947 quand même !) et Un chien andalou (1928). 
Donc Dersou Ouzala, la taïga, le personnage du trappeur, l’humanité et l’amitié, et l’histoire des peuples entre Russie et Mandchourie. Une belle leçon de vie, qui m’a toujours semblée exemplaire et vivifiante. J’ai revu le film plus de 10ans après. Et il y a quelques mois, devant une falaise, m’émerveillant du chant des oiseaux, de cet endroit magnifique, mon moniteur d’escalade a parlé de ce film. Ce qui ne m’a pas surprise de sa part, mais j’ai pu constater qu’aucun autre grimpeur ne connaissait cette œuvre.
Le film est important en tant que tel, mais aussi parce que je l’ai vu dans ces circonstances et grâce à cet homme très fin et perspicace, qui nous a distillé de la culture de manière très diverse pendant l’année de philo.

Je pourrais aussi ajouter Le décalogue de Kieslowski, vu en VO au cinéma Art et essai de ma ville. La plongée dans l’univers de l’auteur au point de tout voir, de parvenir à savoir quelques mots de polonais, de tout revoir sur ARTE y compris les documentaires sur l’œuvre. J’ai beaucoup aimé le noir et blanc de ces films. Je me souviens d’un père qui organise sa vie grâce à un ordinateur. Je vois encore une femme rentrer chez elle et peindre. Et puis Bleu, Blanc et Rouge, et La double vie de Véronique, la grâce d’Irène Jacob, de Juliette Binoche, de Julie Delpy. La musique et la voix, les lumières et la sensibilité, la profonde humanité et la composition des films.
Ou encore Meurtre dans un jardin anglais, Drowning by numbers, Le ventre de l’architecte, Le cuisinier le voleur sa femme et son amant, The pillow book de Peter Greenaway. Des films bizarres, incompréhensibles pour mes proches. Mais beaux, étranges et poétiques, profonds. Vus dans un moment de ma vie où je ne pouvais laisser ma créativité s’exprimer, ni mes aspirations, sauf en allant voir des films. 
Je pourrais aussi citer le film de Théo Angelopoulos Le regard d’Ulysse, dont la musique me remue toujours. A ce moment-là mon frère travaillait dans ces régions tourmentées et le film me montrait les paysages qu’il traversait, me donnait à voir un peu des épreuves qu’il endurait…. Je me souviens de paysages, de murs détruits, de rivière, et d’Harvey Keitel, profondément émouvant. J’ai repensé à ce film au mois d’août, quand Ibrahim Maalouf, trompettiste franco libanais, a interprété à Marciac son morceau intitulé Beyrouth : il a raconté les circonstances de la création du morceau, et nous a fait entrer dans cette ville en partie reconstruite, et toujours détruite par endroit. La musique commence lentement, très harmonieusement, et puis elle suit le regard de l’enfant (il avait 12 ans quand il a composé ce morceau) qui découvre soudain cette rue aux murs détruits et bombardés. Et soudain nous voilà assourdis par du rock, des flots de notes profondes et féroces qui agressent mais suivent un fil conducteur avant de se calmer.


Lyjazz

mardi 27 septembre 2011

Les livres de mon enfance - par Lambertine (Ex n°18)


Le livre de mon enfance

Il y a tant de livre dans mon enfance… j’ai appris à lire en même temps qu’à parler. A deux ans, ou à peu près, avec des cubes de bois et


Il me reste de ces vagues souvenirs une tendresse assez déraisonnable pour ce livre qui ne casse pas trois pattes à un canard. C’est mon premier. Mon tout premier, celui dans lequel j’ai déchiffré mes premières phrases. Celui qui m’a fait trembler, rire et pleurer pour la première fois.

Jusqu’à ce que je découvre, à trois ans ou un peu moins :



Je n’en étais pas une. Mais je m’identifiais assez facilement à Sophie ou Marguerite ( bien plus qu’à Camille ou Madeleine). Et, ensuite, avant l’âge de 5 ans, j’avais dévoré toute l’œuvre de la Comtesse… en n’ayant pas compris grand chose, je l’avoue, à ce que je considère aujourd’hui comme ses chefs d’œuvres (La Fortune de Gaspard, La Sœur de Gribouille et Le Général Dourakine)




Ah ! Le Général Dourakine ! Mes propres personnages-sur-le-Net (Königar et Galea) ne sont-ils pas plus qu’inspirés par Romane et Natacha ? Un peu trop, sans doute, sans que je m’en sois rendu compte, au départ…

Et puis, j’ai grandi. Et, pour mon douzième anniversaire, j’ai reçu comme cadeau



Et je ne nagerai jamais plus dans la mer sans penser à Thétis… ou Stella… enfin, à cette gamine recueillie bébé au bord d’une voie de chemin de fer par un professeur misanthrope. Cette petite juive éduquée loin du monde, mais face à la mer.

Il a fallu une sérié télévisée pour que je lise un livre de Jules Verne aussi éloigné d’elle que possible. Avec en tête d’affiche un sale gosse de chez sale gosse… Doniphan




Un gamin qui, de petit snob prétentieux devient héros sacrificiel…

Bref, j’ai 13 ans, et je ne suis plus vraiment une petite fille…
Et d’autres livres m’ont marquée. Mais j’en parlerai sans doute… plus tard.

vendredi 23 septembre 2011

Les (non, quelques uns) films de ma vie, exercice n°19 (par Marie D.)




On est bien d'accord que ce ne sont pas nos trois films préférés, mais trois qui nous ont marqués dont il est question dans cet exercice.
On peut aussi (il va bien s'en trouver pour l'être) être d'accord pour dire que ces films que nous citons ici et maintenant ne seront pas forcément ceux que nous citerons demain ni que nous aurions cités hier.

« Jeux interdits », réalisé par René Clément (1952), avec Brigitte Fossey (la seule comédienne dont je me souvienne).
Je l'ai vu enfant (mais pas en 52, je n'étais pas née, j'ai du le voir vers 1976), avec mes parents et mon frère. Je n'ai aucun souvenir de la salle, du moment, seulement que c'est avant ou après être allés chez mes grands-parents. J'associe ce film à l'escalier menant à la partie habitée de leur maison, et à l'angoisse qu'il a semée en moi, celle-là même qui gouverne encore parfois ma vie. Même 35 ans plus tard.
Ce film se résume dans ma mémoire à la scène où tous ces gens fuient, subissant l'attaque aérienne qui va tuer tous les proches du personnage de Brigitte Fossey (enfant du même âge que le mien), ainsi que son chien qu'elle continuera à serrer contre elle (et qu'une grosse dame jettera quand elle s'en apercevra). 
Je pense que je n'aurais pas du voir ce film à cet âge-là. Je n'en suis pas sûre, je ne sais pas si c'est une question d'âge ou de personnalité. Comment savoir ce qui va marquer un enfant et pas un autre?
Voir sur l 'écran se matérialiser l'une de mes peurs l'a rendue réelle, palpable, avérée.
En prendre conscience a été un travail tout récent.
A ce jour, avec mes deux enfants, je n'ai toujours aucune réponse sur l'effet que peuvent produire certaines scènes sur leur psychisme, ni ce qu'ils en garderont.

J'ai vu ce film deux fois, vers 20 ans. La première avec des amis et le garçon dont j'étais amoureuse, à un moment où notre histoire était entre deux eaux.
Je n'ai pas aimé le film, je l'ai trouvé bavard, bruyant et trop long pour ce qu'il racontait. 
J'ai l'ai revu quelques mois plus tard, en version longue et je l'ai trouvé beau. Toujours pas renversant, mais beaucoup mieux que la première fois. J'étais alors avec un autre garçon, au début de notre histoire.
Le contexte (on peut appeler ça comme ça, non?) m'est alors apparu comme très influant dans la façon dont on reçoit les œuvres, j'essaie d'en tenir compte quand quelque chose ne me touche pas.

« In the mood for love » réalisé par Wong Kar-Wai (2000)
Je regrette de ne pas avoir vu ce film au cinéma, je ne l'ai découvert que l'an dernier lors de sa diffusion sur arte. 
Je l'ai vu seule chez moi, les membres de ma famille dormant ou étant occupés à autre chose.
Je ne peux retenir une scène en particulier, c'est l'esthétique globale du film qui me scotche, la finesse avec laquelle le lien unissant les personnages de Maggie Cheung et Tony Leung  est traité, la bande son et sa dynamique.
Ce film m'est apparu d'une intensité presque érotique alors qu'il ne comporte aucune scène de sexe. 
Pour le coup, le contexte n'est pas folichon (je suis seule sur un canapé inconfortable, le son est bas c'est une soirée froide et sans lumière) et la grâce que l'œuvre opère.

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Je trouve amusant que dans cet exercice ne figure aucun film comique, comme si, alors que je suis très fan de ce genre, il ne pouvait pas me marquer.
Mais il en fallait trois!


lundi 19 septembre 2011

Les films de ma vie - par Magaly (Ex. n°19)

1. Lawrence d’Arabie de David Lean

Vu bêtement à la télévision (oui le cinéma c’était cher et de toute façon le film était sorti bien longtemps avant que je ne le découvre pour la première fois) en compagnie de mon père.
Parce que pour la gamine que j’étais cela a représenté la quintessence du film d’aventures bien avant le règne d’Harrison Ford et consorts.
Pour les scène ou Peter O’Toole retourne dans le désert sauver d’une mort certaine un gamin qui l’accompagne et qui s’est égaré dans une tempête, suivie peu après par celle ou il lui donne la mort pour une sombre histoire de trahison.
Pour Omar Sharif, Alec Guinness, et Anthony Quinn…
Et pour la réplique qu’il m’arrive encore de dire quand je dois faire face à une déception :
"- Il n’y avait pas d’or à Aqaba"



2. Brazil de Terry Gilliam


Vu également à la télévision toujours pour une question de budget et là aussi en compagnie d’un homme de ma vie, celui qui est, a été et j’espère bien sera à mes côtés pour encore longtemps…
Pour la scène d’introduction de « moustique fou » maître de la destinée d’un homme.
Pour la mère liftée comme une momie qu’il me semble désormais croiser à tous les coins de rue de ma ville du sud de la France.
Pour l’absurde, l’humour, le décalé, le tragique, la poésie, le rythme…



3. La trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson

Vu avec les femmes de ma vie, mes deux filles pour qui j’espère cela fut un moment aussi agréable que pour moi… et pour une fois, la vie devenant plus facile, au cinéma.
Parce que je suis fan d’Heroic Fantaisy et qu’il ne se passe pas une année sans que je me régale d’en revoir l’intégralité.
Pour le challenge de l’adaptation.
Pour le nain ! Oups pardon la personne de petite taille J 
Pour les combats du gouffre de Helm et la chevauchée sur Osgiliath, pour la cité de Minas Tirith défendu par le magicien blanc…
Ok cela fait trois mais bon : « ça ne compte que pour un » !


Magaly

mercredi 14 septembre 2011

Les films de ma vie - par Lambertine (Ex. n°19)


Trois films… Trois films, c’est trop, ou pas assez. Vous auriez dit un… ou vingt…
Mais trois…
Enfin, trois, c’est trois. Allons-y.

Sur la troisième marche du podium :
La merditude des choses, de Félix Van Groeningen
Oui, le flamand peut être une belle langue. Oui, la Flandre est une belle région. Même si la vie dont se souvient le héros, Gunther, n’a rien de particulièrement beau. La vie d’un gamin au sein d’une famille pauvre et imbibée d’alcool. Vulgaire. Parfois violente. Triste, sans doute, aux yeux du monde, et pourtant drôle, et chaleureuse aussi. Une famille du quart-monde, comme on dit, qu’il quittera, dont il s’éloignera dans tous les sens du terme.
Ce film m’a touché, m’a poigné le cœur. Ces gens « de mon pays », ce gamin dans lequel, parfois, je me retrouve, même si je n’ai jamais connu la misère, enfant. Ces petites gens, à côté desquels on passe trop souvent. A côté desquels je suis passée trop souvent.
Je ne peux plus prendre le train sans me demander qui vit dans les maisons que l’on aperçoit par la fenêtre, ni qui cultive les jardins ouvriers qui longent la voie.
A voir en flamand, impérativement.

Sur la deuxième marche :
Effroyables Jardins, de Jean Becker
Il était une fois la guerre… La guerre si lointaine, et pourtant proche de ce village comme les autres, où vivent deux amis comme les autres. Deux amis amoureux de la même femme, et qui, pour elle, pour devenir des héros à ses yeux, vont commettre un attentat stupide.
J’ai déjà les larmes aux yeux, rien qu’en écrivant ce texte. Je revois le visage magnifique de Suzanne Flon, vieille dame bouleversante. Et j’entends « Y a de la joie », joué à l’harmonica. Y a de la joie, qui ne sera plus jamais, à mes oreilles et dans mon cœur, qu’une chanson triste.

Et sur la première marche :
Basketball Diaries, de Scott Kalvert
Il était une fois un sale gosse New-Yorkais, qui passait son temps entre l’écriture, le basket-ball, et les conneries en compagnies de ses potes. Un gamin sensible et rebelle, prêt à tomber dans les filets de « la drogue ». Ou plutôt « des » drogues. Un gamin dont on suit la déchéance, pas à pas, jusqu’à la rue, la prostitution, la prison.
Ce film, je l’ai vu pour la première fois sur une cassette enregistrée aux USA, bien avant sa sortie en Europe. Cette cassette, je l’ai faite circuler, circuler, et circuler encore. J’avais reçu un choc. Bien plus fort qu’un coup de poing. Un choc dont je ne me suis jamais remise. Même si j’avais lu le journal de Jim Carroll, même si j’avais lu d’autres livres du même genre, dont le fameux Christiane F. Il n’est pas une semaine où je ne pense à Jim, où je n’entende les chansons qui accompagnent sa descente aux enfers. Etonnamment, même si le film est en couleurs, je pense à lui en noir et blanc.
Et puis…
Et puis, il y a trois ans, j’ai rencontré « Jim ». Pas le vrai, bien entendu. Mais un garçon en tout point semblable à lui. Même, bizarrement, physiquement, si ce n’est la couleurs des cheveux. Un garçon ayant connu la même vie, la même déchéance, la même descente vers une mort espérée. Non pas à New-York, mais à Verviers, puis à Liège. Dans la province belge que l’on croirait à l’abri de « ça ». Mais, contrairement à celle de Jim, je ne crois pas que celle de Célestin finira bien.

Voilà. Trois films. Pas très drôles, je sais. En espérant qu’ils vous toucheront, si jamais vous croisez leur chemin.

samedi 10 septembre 2011

Les films de ma vie - par Sophie M. (Ex. n°19)


Lost in translation – Sofia Coppola, 2003.

Un des rares films que je suis allée voir sans en connaître l’histoire. Ma tante et mon cousin m’ont proposé d’aller au ciné, j’ai dit oui et voilà. Cela peut paraître anecdotique mais je suis convaincue que cette séance en terrain inconnu n’est pas pour rien dans l’impact que ce film a eu sur moi.
C’était un soir d’hiver. J’aime l’hiver, j’aime le cinéma le soir. Chaque fois que je m’installe dans une salle de cinéma, je savoure ce bonheur qu’est le cinéma. Si l’on me demandait s’il fallait choisir entre le cinéma et la littérature, je crois que je choisirais le cinéma. Ce serait un sacrifice insurmontable cependant je n’imagine pas vivre sans lui.
Lost in translation est selon moi la quintessence de ce qu’il peut se passer de plus beau entre deux êtres. Les doux moments de l’attirance, l’évidence grandissante de la connivence, la tendresse et la bienveillance s’installant au gré des rencontres. Il n’est nul besoin de nommer ce qui unit Charlotte et Bob, peu importe. Ce qu’ils vivent est rare et précieux et ils le savent.
La scène dont je garde un souvenir très fort est celui de leur première sortie. La musique qui invite à vivre ce qui s’annonce (Chemical Brothers - The state we’re in), l’effervescence, la promesse d’une nuit qui restera… Combien de fois avons-nous vécu semblable transport, ce que l’on pourrait nommer le moment parfait ?
J’ai été troublée par la délicatesse de l’approche de Sofia Coppola. Tout passe par les regards, les silences et l’humour car les deux protagonistes en sont tous deux pourvus. Et puis la pudeur… qui seule permet au spectateur d’éprouver la force emprunte de retenue de la naissance de sentiments.


Une histoire simple – Claude Sautet, 1978

J’ai gardé en mémoire, ce jour de novembre 1978, ce jour où je découvre dans les pages de Télé 7 jours, une photo de Romy Schneider dans le dernier film de Claude Sautet Une histoire simple. Je me souviens avoir lu l’article plusieurs fois. Je suis émerveillée par le fait que Claude Sautet ait offert ce film à Romy pour ses quarante ans. Quelle femme doit-elle être pour qu’un réalisateur lui offre un film ! Je lis dans ces une ou deux pages que Romy est au sommet de son art, que quarante ans est l’âge de la maturité et de la beauté. Je lis aussi que l’héroïne, Marie, n’en a pas fini avec l’amour et la maternité.
J’ai dix ans à ce moment-là, et je crois que quand j’aurai quarante ans, je serai vieille.
Je savais que je ne verrai pas ce film au cinéma, qu’il me faudrait attendre la diffusion à la télé et qu’au moins d’ici là, j’aurais peut-être l’âge de le regarder. Ma mère a déjà refusé catégoriquement que je voie Le vieux fusil.  Une histoire simple devient le film espéré, il incarne mon amour naissant du cinéma et bien au-delà de ce que je peux en comprendre sur le moment, il est ébauche ma vision de femme. Romy et plus encore, le regard de Claude Sautet sur Romy, va décider de ma personnalité, de mon tempérament. Je porterai très haut cette estime de la femme et même si à ce moment-là, je ne pouvais imaginer quelle femme je deviendrais, je savais intuitivement celle que je ne deviendrais pas.
J’éprouvais déjà cette fragilité, cette peur du temps et l’importance du regard de l’autre. J’espérais que l’amour et l’amitié ne me passeraient pas à côté car déjà, je m’en faisais une haute idée.
Je ne me souviens plus de la première fois que je vis ce film. C’est curieux mais l’explication réside peut-être dans le fait que je l’avais vu avant même de l’avoir vu et que depuis, j’ai dû le regarder plus de six ou sept fois.
En 2008, j’ai eu quarante ans. J’ai eu quarante ans l’année où Romy en aurait eu soixante-dix.
J’ai revu ce film en réalisant, que jamais la petite fille de dix ans qui lisait la critique d’ Une histoire simple dans Télé 7 jours, ni même celle de vingt ou de trente, ne s’était imaginé avoir l’âge de Marie un jour, pouvoir dire au moment de la vision du film qu’elle pourrait être Marie.
Alors, je me prends à imaginer le petit rôle que j’aurais pu avoir dans ce film. Qui aurais-je pu être au côté de Marie, Gabrielle, Esther, Anna et Francine ? Aurais-je été de celles qui courraient après leur indépendance ou bien femme délibérément heureuse d’être mère et pas si mal lotie ? À cette question, il est forcément difficile de répondre mais ce que je sais, c’est que j’aurais passé pas mal de temps dans les cafés avec Marie, paquet de cigarettes posé devant moi. C’est là que je les aurais retrouvées, que mon chemin aurait croisé celui de Georges, Serge, Jérôme… mon fils aurait l’âge de Martin… je serais cette femme de quarante ans des années 2000 mais qui l’était devenue par anticipation à la fin des années 70. Mes amies, sont celles-ci, dans la cuisine de cette grande maison de campagne, je prépare sûrement une vinaigrette ou monte des blancs en neige en écoutant Anna assumer son indépendance. Je suis un peu comme Marie, pas très bavarde, mais tirant leçon de ce que j’entends et tentant de ne pas juger trop sévèrement ce que je ne comprends pas. J’ouvre ces grandes armoires pleines de draps, dans ces chambres pleines de lits… De là date mon rêve de maisons pleines d’amis. Je conduis une Simca 1100, prend la pilule depuis mon avortement et je travaille comme les autres sur une table à dessin. Je ne m’appelle pas Sophie mais plutôt Nicole, Danielle ou Françoise… mon mariage bat de l’aile, le divorce devient populaire pourquoi pas moi ?


An affair to remember – Leo Mccarey, 1957

Incontestablement ma comédie romantique préférée. Le film que je regarde seule, sous une couette devant la cheminée quand j’ai un peu le cafard ou qu’il ne m’est rien arrivé d’exaltant depuis trop longtemps. Son titre français Elle et lui. C’est un remake de A love affair que ce  même réalisateur avait réalisé en 1939. Je ne connais pas les raisons qui l’ont poussé à refaire son film presque vingt ans plus tard.
Un film pour les intraitables romantiques.
Cary Grant, Deborah Kerr… quel couple de cinéma !
Curieusement, tout ne plaît pas dans ce film. Par exemple, la scène de chant des enfants est longue et caricaturale. La grand-mère de Nickie-Cary manque un peu de vraisemblance.
Ce que j’aime dans ce film, c’est le déroulement, l’impossibilité pour les protagonistes de résister à leurs sentiments. Pour tous ceux qui ne l’auraient pas vu, je ne parlerai pas de la fin… superbe de romanesque.
Malgré son indéniable côté fleur bleue, ce film est bourré d’humour, de quiproquos amusants. Ces deux-là ne se prennent pas trop au sérieux non plus.
Ma scène préférée, Terry-Deborah de retour à New-York découvrant Nickie sur son écran de télévision et n’éprouvant pas le courage de poursuivre sa relation avec son fiancé qui comprend ce qui se passe.
Une deuxième scène préférée : le baiser qu’on ne voit pas.
Certains trouveront ce film quelque peu désuet. Avec moi, ça marche à tous les coups !




mardi 6 septembre 2011

Les films de ma vie - par Rvqras (exercice n°19)

Évoquer trois films qui m'ont marqué, c'est d'abord évoquer ma frustration.
Je suis un geek cinéphile. Qu'est ce que cela signifie ? Que j'ai des dizaines de titres de films dans la tête, et des palanquées d'informations de cinéma tout à fait hétéroclites. La seule chose, c'est que depuis 33 ans que je suis sur cette Terre, je ne sais fichtrement pas à quoi cela sert, enfin, si peut être : à jouer aux "six degrés de séparation" entre deux acteurs. Pour savoir ce qu'est le jeu des "six degrés de séparation", je renvoie le lecteur au site suivant : http://oracleofbacon.org/. En gros il s'agit de faire du marabout-bout-de-ficelle en disant "machin a joué dans tel film, un film également avec machine, qui aussi joué dans tel autre film ..."

Choisir 3 titres, c'est me limiter. Mais il s'agit aussi de contraintes créatives, 
lesquelles sont également parfaitement amusantes.


La plupart des films m'ayant vraiment marqué sont irrémédiablement liés au poste de télévision de mes parents. Si je me souviens bien, un Thomson avec 6 boutons/6 chaînes, et le réglage des canaux s'effectuant par des molettes accessibles sur le côté. Je me rappelle encore que ce genre d'engin captait parfois les émissions radio des avions.

Pourquoi la télévision ? Parce que mes parents étaient quelque peu laxistes sur ce que je pouvais et sur ce que je ne pouvais pas regarder. D'une certaine manière, devant la télévision, je pouvais être quelque peu livré à moi même, et beaucoup moins au cinéma, sur lequel mes parents avaient une prise plus forte.

En vrac sans réfléchir, le premier film qui me vient à l'esprit est "A vingt-trois pas du mystère", vu dans le cadre de l'émission "La Dernière Séance" (aaaah Eddy Mitchell qui drague la fille du assise derrière lui avec des tirades genre "Chérie, ce film a été réalisé par Henry Hathaway en 1945, c'est le remake d'un film de 1923 ..."). 

La seule chose dont je me souvienne vis à vis de ce film, c'est bien sûr de l'intrigue, mais aussi de l'incident déclencheur : dans un restaurant, un aveugle entend une conversation entre deux personnes qui parlent d'un meurtre à venir. Il va alors passer le reste du film à mener l'enquête avec sa copine et son ami.
Des années après, j'ai réussi à récupérer ce film, qui m'attend dans un coin de mon disque dur (parce que pour le retrouver en DVD en France ... amusez vous bien). Je n'ai pas la moindre envie de regarder ce film. Je sais d'expérience que les souvenirs que l'on a d'un film sont infiniment plus précieux que le film lui même, car un film "de notre vie", parle de nous, de qui on est, de notre histoire de vie, de nos émotions ... tout cela n'ayant au final guère intérêt à être cantonné dans le boitier d'un DVD.

Rétrospectivement, je pense que l'histoire de ce film m'a donné des ailes, parce que quand on y regarde bien, un aveugle qui enquête sur un meurtre, c'est aussi une belle histoire de combattivité, de culot et d'intégrité.

Toujours en vrac sans réfléchir, le second film est "New York 1997" de John Carpenter.

Je me souviens avoir enregistré ce film en VHS, un été il y a 20 ans, un été de vacances à la maison forcées (évènements familiaux obligent ...), un été de solitude, un été d'étouffement, aussi.

Quand je lis le titre de ce film, la première chose qui me vient en tête est son ouverture. Un thème musical minimaliste, simple et entêtant, comme bon nombre de bandes originales de Carpenter. Une voix de femme qui décrit les raisons de ce qui a provoqué la situation de 1997 (il faut se rappeler que le film date de 1981 ...).
Je me revois précisément assis devant la télévision en train de regarder ce film et son ouverture. C'est comme si j'avais une machine à voyager dans le temps au sein de mon cerveau.
Depuis, j'ai revu le film, plusieurs fois, ainsi que sa suite et une grosse partie des films de John Carpenter.

"New York 1997", c'est Snake Plissken, c'est mon héros. Un marginal, un franc-tireur, un anarchiste, un punk, un associal ... mais aussi une personne d'une totale intégrité, qui reste toujours fidèle à ses convictions. Étrangement, les années ont passé, et certaines scènes de "New York 1997" ou "Los Angeles 2013" m'éclatent toujours autant. En anglais , le terme adéquat est ... badass !!!

Troisième film, première contradiction avec ce texte, un film vu il y a quelques mois, pas sur la télé de mes parents : "Fandango", de Kevin Reynolds, avec Kevin Costner.


Je suis ravi d'avoir vu ce film récemment, car il me permet de bien définir quand je sais qu'un film m'a touché : quand je suis pris par surprise, quand je ne m'attendais pas du tout à cela, quand je ne peux plus tricher, quand ne je peux plus négocier avec mes émotions et ce que je ressens ... et aussi quand je ne me sens pas forcé la main !

D'abord, Kevin Costner. Tiens, un autre de mes héros des années 80. J'adore ce que dégage ce type : dans ses anciens rôles, il est parfois très chien fou, beaucoup dans "Fandango", également dans "Silverado". Également, c'est aussi un acteur qui dégage quelque chose de tout à fait désabusé, et parfaitement mélancolique. Cet acteur m'a appris quelque chose sur ce que peut être un homme : pas seulement un roc qui ne montre pas ses émotions, mais aussi une personne intègre, parfois un peu triste, mais aussi souvent dans le rire, bref une magnifique complexité.

"Fandango" est un magnifique film de potes : des potes qui s'engueulent, des potes qui ne sont pas toujours d'accord, mais aussi des potes qui feront tout ce qui est en leur pouvoir pour s'assurer leur bonheur mutuel, quitte à parfois se mettre de côté. Je repense à certaines scènes de ce film (les raconter serait gâcher le plaisir) et l'émotion revient en moi. "Fandango" est un film qui montre la beauté de l'amitié, et c'est ce qui le rend si précieux.

vendredi 2 septembre 2011

Les films de ma vie - Trois devinettes de Don Bruno de la Vega (Ex n°19)



Film 1 :
Intérieur jour. Le médecin se gratte la tête en regardant les analyses du patient. Ce dernier a l’air de plus en plus inquiet.
– C’est grave docteur ?
Le médecin arrête la question intruse d’un geste de la main et d’un claquement de langue très docte. Il décroche son téléphone.
– Mademoiselle ? Vous pouvez demandez aux labos Duschmoll s’ils ne se sont pas trompés dans l’analyse de M. Dupont ? Parce que sinon…moi…
Le patient est terrifié. Le médecin se lève, se masse l’épaule  avec une grimace de douleur et dit au patient :
– Je sais pas ce que j’ai, j’ai du me claquer un muscle ou un truc comme ça au tennis, je vous dis pas, je déguste !

            (Indice : J’adore cette scène. J’y pense presque tous les jours ou à chaque fois qu’un petit bobo se rappelle à moi pendant que j’annonce à mes patients qu’il faut leur faire trois pontages !!! A côté de ce film, « Les Petits Mouchoirs », il peut aller se rhabiller…)

            Film 2 :
            Intérieur nuit. Un américain obèse, verre d’alcool à la main, du bourbon probablement, cigare de l’autre, enlace le héros d’un bras que l’on sent étouffant et lui déclare d’un ton péremptoire :
            – One Word ! Just one word ! Plastics ! Do you hear me ?
            – Yes, M. R….(je ne vous mets pas le nom, faut pas déconner…)
            – Plastics !

            (Indice : Le dernier de mes fils s’appelle Benjamin. On l’appelle Ben. A cause de ce film. Fastoche, non ?)

            Film 3 :
            Intérieur jour. Deux de nos héros sont tout de noirs vêtus. Dans un large sourire, l’un deux s’adresse à une secrétaire chef en lisant un papier.
            – I am Misteure. Smiss et zis ize Misteure Wesson. We vante tou spique to ze presidente ove yorre compagnie. I ame choure in eu fiou minute, he will bi abeul tou si usse !
            – Tu parles anglais toi ?
            – Ouais !
            – T’a appris où ?
            – A l’école !
            – T’es allé à l’école ?
            – Ouais ! Jusqu’en cinquième !

            (Je peux vous faire tout le film par coeur. C’est très pénible pour les gens qui le regardent avec moi…Il y a aussi la seule chanson de Johnny Halliday que je tolère…bien obligé !)

            Et deux p’tits, pour la route (même « jeune » réalisateur que je vénère autant que certains écrivains !!!):
            Film 4 : Un café de banlieue. Intérieur nuit. « Il danse bien Denis ! »
            Film 5 : Une cour de lycée. Extérieur jour. « L’homme descend du singe. Tomasi ne descend pas du panneau de basket ! »


A VOUS DE JOUER
(C’est vrai quoi ! Pas toujours aux mêmes de bosser…)

Don Bruno de la Vega 

jeudi 1 septembre 2011

Ce film qui n'existe que dans ma tête - par Philippe-Aubert C. (Ex. n°19)



Quatre films constituent mes chefs-d'œuvre personnels : ils ont marqué mon existence, des fragments de leur trame sonore viennent souvent flotter dans mon esprit et, parfois, les répliques d’un de leurs protagonistes quittent mes lèvres.
Mais c’est d’un autre long-métrage que j’aimerais parler. Un film très particulier : même s’il passe (rarement) à la télévision et qu’on peut se le procurer en DVD, il n’existe que dans ma tête…
Je l’ai vu pour la première fois alors que je devais avoir huit ou neuf ans, entre Noël et le jour de l’An. Sur l’écran aux couleurs défaillantes d’une télévision surmontée « d’oreilles de lapin ». C’était un vieux film mettant en scène les aventures de Sinbad le marin, où aventure et féérie se mêlaient dans de luxueuses couleurs. Sinbad était amoureux d’une princesse, mais le pays était tombé sous la férule d’un cruel tyran chauve et moustachu, le vilain El-Kherim. Bien entendu, ce dernier convoitait la jolie princesse qui n’avait d’yeux que pour Sinbad. En marge de ce (quasi) triangle amoureux, il y avait aussi un puissant magicien qu’El-Kherim maintenait en son pouvoir grâce à une bague magique « tordeuse de tête ». (Entre nous, cette bague était inutile : le magicien était si froussard qu’il en devenait inoffensif, même s’il était ouvertement du côté de Sinbad.)
On voulait qu’El-Kherim meure, mais le bougre était invulnérable : le transpercer d’une épée le faisait rire! Sinbad apprenait alors de la bouche du magicien froussard que le cruel tyran avait, par un odieux procédé, retiré son cœur de sa poitrine. L’organe palpitant avait ensuite été caché au sommet d’une tour qui se dressait, solitaire, au centre de marécages volcaniques grouillant de monstres à faire pâlir Lovecraft de jalousie. Pour détruire le cœur d’El-Kherim et sauver la princesse, Sinbad et ses hommes entreprenaient le périlleux voyage vers la tour…
Et là, quel changement d’atmosphère! Alors que tout le film était en couleurs, les séquences où Sinbad et ses hommes s’aventuraient en direction de la tour étaient en rouge et blanc. Partir en quête du cœur maléfique impliquait de basculer dans un autre monde, glauque et sinistre. Je restais presque le front collé à l’écran, à regarder Sinbad et ses compagnons se frayer un passage à travers les plantes carnivores et se démener avec des monstres sanguinaires, alors qu’au loin la tour solitaire se dressait, de plus en plus proche, mais toujours lointaine.
Et en arrière-plan, régulier comme une horloge, on entendait le battement d’un cœur. Pou-poum Pou-poum. Pou-poum.
Je n’ai plus revu ce long-métrage pendant des années, mais il est toujours resté présent dans ma mémoire. Je revoyais les images, j’entendais le battement du cœur maléfique. Parfois, je me demandais si je ne l’avais pas rêvé, ce film. Et puis un jour, miracle! Il a repassé à la télévision, quand j’entrais au secondaire. J’ai pu lui associer un titre : Capitaine Sindbad (1963), réalisé par Byron Haskin, avec Guy Williams dans le rôle de Sinbad et Pedro Armendariz dans celui du vilain El-Kherim.
Sauf que film-là n’était pas celui que j’avais vu.
C’était la même histoire, les mêmes scènes… Mais avec d’horribles décors et costume kitsch, que même une troupe d’opérettes sans le sous ne voudrait pas. Le pire : les séquences qui, dans mon souvenir, étaient en rouge et blanc — celles où Sinbad et ses hommes voyageaient en direction de la tour — étaient, finalement, affligées de couleurs criardes. Disparue, l’atmosphère glauque qui avait tant soulevé ma fascination. Ces scènes qui rendaient ce film unique n’étaient qu’une construction de ma mémoire… ou la faute du téléviseur, dont les oreilles de lapin restituaient mal les images.
Déception. Le film auquel je rêvais, que je voulais tant revoir, n’était pas celui-là.
Depuis, je me suis quand même procuré Capitaine Sindbad en DVD. De temps à autre, je le réécoute en mettant ma télévision en noir et blanc. Parfois, je l’arrête, je m’étends, et je le visionne dans ma tête tel que je m’en souvenais. Tel que j’aimerais le voir.
Le long-métrage qui avait tant soulevé mon enthousiasme enfant, je ne le reverrai jamais. Il n’existe que dans ma tête.
Au fond, je possède un film que personne d’autre ne peut voir. Et quel drame, parce que c’est un maudit bon film!