lundi 1 novembre 2010

Débuts de romans, 8 - par Fulbine (Exercice n°15)

1.
Je fais la meilleure tarte aux poires de la ville, ce n’est pas moi qui le dis, c’est écrit dans le magazine sous mes yeux. Je me souviens du début de cette aventure il y a deux ans. Ça ne serait jamais arrivé s’il n’avait pas plu ce jour là. J’avais décroché un rendez vous avec un financeur. Il m’avait dit « venez avant huit heures, j’examinerai votre dossier». En partant de chez moi il faisait encore nuit, je m’abritais sous mon parapluie, enfin celui de ma fille avec des grandes oreilles de chat. En retard, j’avais pris le seul visible, mauvaise pioche. En sortant de la station de métro, il pleuvait toujours et je tentais d’éviter les passants que je croisais sans voir. Je ne voyais que leurs pieds et des vieux tickets de métro sur l’asphalte brillant. Soudain, un énorme poids tomba sur moi. J’eus à peine le temps de voir un nuage de poussière blanche et le reste d’un paquet de farine. Hébétée, tandis que la pluie faisait de la farine une colle blanchâtre, je regardais en l’air d’où venait cet ovni. Mais je ne voyais que l’ombre du gratte-ciel Panatex où j’avais rendez-vous.

2.
Tu es au cent soixante neuvième étage du Millenium Tower, le plus haut gratte-ciel de Tokyo, et tu n’as pas d'échappatoire. Par la baie, tu devrais faire un saut géant pour atteindre une plate-forme de lavage de carreaux dont tu vois les câbles devant toi. En dessous, les androïdes yakuzas à tes trousses. Même un maître Shaolin, agile comme un chat ne réussirait pas à sauter, à huit cent mètres de hauteur ce serait une folie. Lucide, tu réalises que tu as été roulée dans la farine, un paquet de farine pour un paquet de fric. Tu dois bouger et vite, dans tes poches des tickets biométriques de métro et le Beretta laser. Tu fonces vers un placard tu y trouves un décireur, des combinaisons et des masques anti-poussières. Ça doit être aux ouvriers que tu as croisés à l’étage inférieur. Sans réfléchir, tu enfiles le tout et balances le décireur dans les vitres, elles se brisent. Tu le jettes sur la plate-forme et tu détruis les câbles avec la dernière charge du Beretta. Vu de haut ça pourrait passer pour un corps qui tombe. Tu descends et tu te mêles aux ouvriers en priant pour que les yakuzas passent sans te voir.


3.

Cela faisait des kilomètres qu’Edith marchait, elle ne devait plus tarder à voir la ferme qu’on lui avait indiqué au village. Le manque de sommeil, la chaleur la firent s'assoupir à l'ombre d'un arbre. Elle fut réveillée par un bruit de moteur qui s'éloigna. Elle reprit son chemin jusqu'à la ferme dont la porte était ouverte. Elle enjamba un énorme chat gris.
- Bonjour, il y a quelqu'un ? Demanda-t-elle.
Une voix lui répondit.
- Entrez donc ...
Edith vit une femme âgée, les mains dans un paquet de farine. Elle lui montra sa plaque.
- Commissaire Bennett, je cherche Madame Marguerite Boutereau.
- Elle est morte vl’a deux ans la mère Bout'reau, et les fils y sont loin, parait qu'y sont aux Amériques où l'a des gratte-ciels partout.
Comprenant que sa dernière piste s’arrêtait là, Edith remercia la dame et demanda s'il n'y avait pas un bus qui passait à proximité.
- Ah Madame le commissaire, vous z’êtes pas à Paris pour sûr, c'est pas un ticket de métro qui vous ramènera au village, faudra marcher. Y'a l’facteur qui vient d'partir, vous auriez du l'croiser, y vous aurait r’descendu Dame oui.
Edith prit congé, et songea qu'elle allait probablement devoir traverser l'atlantique.

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